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La galoche bigoudène

Le jeu de la galoche, profondément ancré dans le patrimoine du Pays Bigouden, est mentionné pour la première fois en 1388 à Quimper. Ce jeu de palets traditionnel trouve ses origines en Normandie, où il était pratiqué lors des foires, d’abord dans le Cotentin et plus largement dans le reste de la Normandie avant de se répandre dans le reste de la France ainsi qu’en Bretagne où il a connu diverses variantes locales, dont la galoche bigoudène.

Les participants visent à renverser une petite pièce de bois cylindrique, la « galoche », surmontée d’une pièce de monnaie, le « liper », en lançant des palets en fer. Autrefois un divertissement populaire parmi les paysans et marins, ce jeu s’est transmis de génération en génération, avec un objectif simple (mais des règles quelque peu complexes !) qui lui ont permis de traverser les siècles.

Un sport en constante évolution

Le jeu s’est véritablement enraciné dans la culture locale au fil des siècles. Au 19e siècle, la galoche était un passe-temps typiquement masculin, pratiqué dans les campagnes du Pays Bigouden. L’écrivain Youenn Drézen évoque même l’importance sociale de ce jeu dans ses romans, décrivant des scènes où les joueurs s’affrontaient dans les cours des buvettes ou sur les routes. Durant l’entre-deuxguerres, la pratique de la galoche a évolué avec un système de points remplaçant la pièce de 10 centimes traditionnellement placée sur la galoche.

La complexité des règles, spécifiques à la galoche bigoudène, permet l’élaboration de stratégies d’attaque et de défense, renforçant l’attrait pour ce sport. Le jeu se déroule sur un terrain dur, souvent stabilisé ou tracé sur le bitume, avec une croix celtique au centre pour marquer la position de la galoche.

Le renouveau et la structuration du sport

Dans les années 1980, la galoche a connu un renouveau avec la création du Comité départemental de Galoche du Finistère en 1984, notamment sous l’impulsion de Jean Le Borgne et Daniel Le Cléac’h. Ce comité a joué un rôle clé dans la formalisation des règles et l’organisation des compétitions. Le club de Plobannalec-Lesconil fut l’un des premiers à voir le jour dans cette nouvelle ère, attirant de nombreux passionnés et adeptes.

La reconnaissance de la galoche comme Patrimoine culturel immatériel en France en 2012 a marqué un tournant dans la préservation de ce sport. Aujourd’hui, la galoche bigoudène continue d’être pratiquée à travers tout le Pays Bigouden, avec plus de 500 licenciés répartis dans 14 clubs locaux, allant même jusqu’à Plomelin. Chaque samedi, près de 350 joueurs se retrouvent pour participer aux championnats interclubs, renforçant les liens communautaires et entretenant une tradition séculaire.

Un club très engagé

Le club de Plobannalec-Lesconil est particulièrement dynamique, organisant régulièrement des initiations dans les écoles de la commune pour transmettre cette tradition aux jeunes générations. Chaque semaine, à Pont-Plat, une trentaine de joueurs participent à des rencontres conviviales. Le club ne se contente pas de maintenir la tradition, il la fait vivre activement en accueillant de nouveaux membres, jeunes et moins jeunes, et en participant aux compétitions locales et régionales.

Grâce à l’engagement de ses membres et à ses nombreuses initiatives, le club de Plobannalec-Lesconil continue de jouer un rôle majeur dans la préservation de ce sport traditionnel. En alliant convivialité, technique et compétition, la galoche demeure un élément central du patrimoine vivant de la région, reliant les générations autour d’une pratique historique qui n’a rien perdu de son dynamisme. Comme le disait Pierre Le Pape, ancien adjoint au Maire et fervent joueur de galoche : « Le jeu de galoche fait partie de notre patrimoine. Nous l’avons reçu de nos ancêtres, à nous de le léguer à nos jeunes. ».