Pour éviter des conflits inutiles entre voisins, mieux vaut connaître la loi et la réglementation en vigueur. Haie mitoyenne, hauteur limite, rôle du locataire… Ce qu’il faut savoir.
Il est possible de faire pousser librement dans son jardin des arbres, des arbustes et des haies. Toutefois, si ces plantations se situent à proximité d’un voisin, il y a des distances à respecter. La règle générale est que l’on ne peut pas planter un arbre ou une haie à moins de 50 centimètres de la limite de sa propriété si la plantation est haute de 2 mètres ou moins, ou à moins de 2 mètres de la limite si la plantation dépasse 2 mètres.
Il est interdit de tailler des haies et d’abattre des arbres situés dans et le long de parcelles agricoles entre le 1er avril et le 31 juillet. Cette interdiction a été instauré par le Parlement européen afin de protéger la période de reproduction et de nidification des oiseaux. En cas de non-respect des dates d’interdiction, l’exploitant agricole peut voir ses aides attribuées au titre de la politique agricole commune réduites de 3%.
Toutefois, pour éviter le désherbage chimique, la taille est autorisée au pied des haies, mais sans possibilité de couper les branches. Par ailleurs, aucune sanction n’est appliquée si la taille intervient pour des raisons de sécurité imposées par une autorité extérieure ou en présence d’un problème particulier (une branche qui touche une clôture électrique, par exemple).
Comment savoir si une haie est mitoyenne
Qu’il s’agisse d’une haie de lauriers, de feuillus ou de thuyas, toute haie qui délimite la séparation entre deux propriétés est considérée comme mitoyenne.
En cas de doute, l’une des deux parties peut produire son titre de propriété : il peut s’agir :
- d’un acte notarié fourni au moment de l’achat de la maison et du terrain
- ou d’un acte privé signé par les voisins qui ont planté la haie en premier lieu.
Enfin, la mitoyenneté peut être acquise par prescription trentenaire, c’est-à-dire si la haie a été entretenue à frais communs pendant plus de 30 ans.
A noter que le propriétaire d’un terrain délimité par la haie non mitoyenne du voisin ne peut contraindre ce dernier à lui céder la mitoyenneté. Il n’est donc pas possible d’acheter la mitoyenneté d’une haie, ce qui serait envisageable si la frontière entre les deux propriétés était constituée par un mur.
Loi sur la taille des haies mitoyennes pour l’entretien
Par principe, une haie mitoyenne qui marque la séparation entre deux maisons appartient aux deux voisins. La responsabilité de son entretien repose donc sur les deux parties.
Plus précisément, l’article 667 du Code civil indique que « la clôture mitoyenne doit être entretenue à frais communs ». Autrement dit, chacun doit participer à cette tâche dans son jardin respectif. Pour prévenir tout conflit ou incompréhension, il est recommandé de se mettre d’accord avec le voisin avant de commencer à tailler la haie.
En termes de hauteur, la loi n’impose aucune condition particulière dans cette situation.
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Cueillette sur les haies mitoyennes plantées d’arbres fruitiers
Si la haie mitoyenne porte des fruits ou est composée d’arbres fruitiers, la cueillette est partagée équitablement entre les deux voisins. Tant que la mitoyenneté n’est pas remise en cause, ce partage à parts égales prévaut légalement. S’ils le souhaitent, les voisins peuvent décider d’un autre arrangement à l’amiable.
A savoir : « Chaque propriétaire a le droit d’exiger que les arbres mitoyens soient arrachés », précise l’article 670 du Code civil
Destruction des haies
En dépit de cette responsabilité partagée, chacun reste maître en sa demeure et peut décider de se débarrasser de la partie de la haie sur son terrain. « Le copropriétaire d’une haie mitoyenne peut la détruire jusqu’à la limite de sa propriété », dispose l’article 668 du Code civil
Dans cette situation, l’accord du voisin n’est pas exigé.
Attention toutefois, le propriétaire qui détruit la haie mitoyenne sur son terrain doit alors faire construire un mur sur la limite séparant les deux propriétés. Cette construction est entièrement à ses frais et il ne peut pas demander une participation à son voisin.
Il existe plusieurs recours face à un voisin récalcitrant qui refuse ne prend pas le temps de tailler sa partie de la haie mitoyenne. En premier lieu, il convient d’en parler directement avec lui pour identifier le problème (retard, incapacité physique, refus…).
Si le blocage persiste, il faut alors suivre les étapes suivantes :
- Envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception. Il faut attendre un mois avant de la considérer sans réponse.
- En l’absence de réponse, faire établir un constat d’huissier avec photos pour prouver l’absence d’entretien.
- Faire envoyer une sommation par huissier de participer aux frais d’entretien ou d’abandonner la mitoyenneté.
- Si le voisin ne s’exécute pas dans un sens ou dans l’autre, saisine du tribunal d’instance pour trancher le litige.
Dès lors que la haie n’est pas mitoyenne, seul le propriétaire du terrain sur lequel elle se trouve est responsable de son entretien.
A cet égard, il doit respecter certaines obligations. Toute plantation de deux mètres ou plus doit ainsi se situer à au moins deux mètres de la limite séparant les deux propriétés. Les haies et arbustes de moins de deux mètres peuvent quant à eux être plantés jusqu’à 50 centimètres de cette limite.
A savoir : les éléments ci-dessus sont des dispositions d’ordre public dont les communes peuvent s’affranchir afin d’instaurer leurs propres règles. Il convient donc de se renseigner auprès de sa mairie pour connaître les usages locaux à suivre.
Si les limites légales ne sont pas respectées, le voisin peut envoyer un courrier recommandé avec avis de réception avant d’éventuellement saisir le tribunal d’instance pour obtenir gain de cause. Si la haie mise en cause a été plantée il y a moins de 30 ans, la justice pourra ordonner qu’elle soit arrachée. Au-delà de ce délai, la prescription trentenaire prévaut et la plantation restera là où elle est.
Par ailleurs, si la haie en question est composée d’arbres et que les branches de ces derniers débordent chez le voisin, celui-ci peut demander au propriétaire de les couper. En revanche, il n’a pas le droit de le faire lui-même.
Dans le cadre d’une location, c’est au locataire de s’occuper du jardin. Le décret n°87-712 du 26 août 1987, listant les réparations locatives dont il a la charge, précise ainsi que le locataire doit s’occuper :
- de la taille
- de l’élagage
- de l’échenillage des arbres et arbustes
- plus généralement de l’entretien courant du jardin.
Si la haie n’est pas entretenue au moment de quitter les lieux, un locataire peut subir une ponction (partielle ou totale) sur son dépôt de garantie afin de régler les frais de jardinage acquittés par le bailleur.
Néanmoins, celle-ci doit être justifiée par la comparaison des états des lieux d’entrée et de sortie. Les locataires d’une maison avec jardin doivent ainsi s’assurer que sa description est relatée fidèlement dans l’état des lieux d’entrée, notamment en présence d’anomalies comme une haie dépassant la hauteur légale, pour se prémunir de toute comparaison défavorable à la sortie.
Les personnes qui profitent d’un jardin et de sa végétation doivent élaguer les arbres qui s’y trouvent. Dans le détail, il faut savoir que tout un chacun est tenu de couper les branches d’un arbre planté dans son terrain dès lors que celles-ci poussent au-delà des limites de la propriété. Autrement dit, il faut couper les branches qui dépassent chez les voisins.
Concrètement, un arbre qui se développe chez le voisin n’a que des désavantages. En cas de problème (casse, blessure) à la suite d’une branche, le propriétaire sera considéré responsable. Et les fruits tombés des branchages non coupés dans le jardin du voisin lui reviennent de droit.
Vous devez également veiller à ce que vos propres plantations n’empiètent pas sur le domaine public : vos arbres ou vos haies ne doivent pas empêcher de marcher sur un trottoir ou constituer un danger pour la circulation routière. Si tel est le cas, le maire peut vous contraindre à élaguer vos arbres en vous adressant une injonction de faire. L’article L.2212-2-2 du Code général des collectivités territoriales prévoit qu’en cas de mise en demeure sans résultat, le maire peut ordonner des travaux d’élagage, les frais afférents aux opérations étant alors automatiquement à la charge des propriétaires négligents.
Un riverain qui planterait ou laisserait croître des haies ou des arbres à moins de deux mètres de la route sans autorisation s’expose également à une amende de 1500 euros (article R. 116-2 du Code de la voirie routière).